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Le sort des enfants juifs et tsiganes était souvent la mort. En effet, à partir de 1942, dans la logique de la Solution finale, les enfants sont massivement déportés et exterminés quelques heures après leur arrivée dans le camp. Cependant certains, paraissant plus que leur âge, sont passés dans la ligne des adultes (de plus de 15 ans pour les Allemands) et ont connu l'enfer des camps de concentration. C'est le cas de Daniel Urbejtel dont nous allons exposer le témoignage.

Quant aux adolescents, ils sont plus nombreux à avoir survécu, même si comme nous l'avons dit précédemment les enfants et les adolescents furent d'importantes victimes du génocide.


Ainsi nous vous exposons ici l'ensemble du témoignage bouleversant de M. Urbejtel qui est venu dans notre collège le 2 décembre 2008. Vous pourrez également trouver quelques passages de la vidéo que nous avons faite.

Puis nous abordons la situation des femmes et enfants de Ravensbrück qui nous a beaucoup touché.


Témoignage de M. Urbejtel


Introduction

Daniel Urbejtel est le plus jeune déporté revenu en France. En effet âgé de seulement douze ans, il est séparé de sa famille car il était juif mais l'ignorait. Alors que son frère est envoyé dans un orphelinat, sa sœur dans une famille d'accueil, lui est envoyé dans un internat à Paris. Il est envoyé ensuite au camp de Drancy, pour arriver enfin à Auschwitz .


I La séparation

C'est le jour de son 12ème anniversaire, un jeudi, qu' une voiture de la préfecture de police s'arrête devant son domicile en banlieue parisienne pour inviter ses parents à une vérification d'identité. Il ne les a jamais revus. L' après midi, une autre voiture s'arrête devant chez lui. Elle est venue cette fois pour chercher les enfants qu'elle emmène dans différents lieux : son frère est placé dans une maison d' enfance qui était en réalité un orphelinat, sa sœur a été placée dans une famille d' accueil, et lui a été placé dans un internat. Quand celui- ci fermait ses portes à chaque période de vacances scolaires, Daniel essayait de voir de son frère et sa sœur.


II L'arrestation


1) Drancy

Le 21 juillet 1944, des autobus de Paris viennent chercher Daniel pour l'envoyer à Drancy dont il n' a aucun souvenir précis de son séjour. Quelques jours plus tard d'autres bus sont venus devant Drancy chercher Daniel et son frère pour les transférer à la gare de Bobigny où ils montent dans un convoi qui mène à Auschwitz.


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2) Le voyage

Daniel était pendant quatre jours et trois nuits dans un wagon qui abritait des centaines de personnes (nourrissons, enfants, femmes, hommes, personnes âgées) dont le manque de nourriture, d'hygiène et d'air provoquaient beaucoup de morts (promiscuité, odeur nauséabonde, bruit). Daniel avait deux récipients pendant le voyage: un récipient rempli de nourriture et l'autre était vide pour les besoins. Après quatre jours et trois nuits d'horreur dans le wagon, dont l'air était irrespirable, Daniel arrive dans un lieu encore pire de ce qu' il vient de vivre. En effet, Daniel et son frère découvrirent Auschwitz Birkenau.


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III Le camp


1) Auschwitz

A la descente du train, ils sont conduits dans la cour pour être divisés en 3 files: à droite les hommes, au milieu les personnes âgées et enfin à gauche les femmes et les enfants de moins de 14 ans. Malgré ses 12 ans, et après un moment d'hésitation des SS, Daniel se retrouve exceptionnellement dans la file des hommes avec son grand frère. Daniel échappe à la mort de près.


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2) Les conditions de vie et de travail

Les conditions de vie à Auschwitz sont très dures. Daniel dormait dans une baraque très mal entretenue. Le travail des détenus durait du lever du soleil au coucher. Auschwitz avait un manque d'hygiène, de nourriture, de sommeil et cela provoque de nombreux morts tous les jours. Parfois Daniel assistait à des pendaisons pendant l'appel qui durait longtemps, surtout le soir. Cela devait servir d'exemple pour les empêcher de penser à s'évader.

Dans le camp d' Auschwitz, Daniel travaille comme constructeur de tranchées. Les détenus travaillaient sept jours sur sept, sauf le jour de Noël (25 décembre 1944) où Daniel et son frère s'inventaient des plats plus extravagants les uns que les autres. En quelque sorte, cette nourriture les a nourri spirituellement.


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IV La libération

Le 21 janvier 1945, le camp d Auschwitz a été libéré par les Soviétiques. Auparavant, les nazis avaient décidé de rassembler l'ensemble des détenus dans l'espoir de les ramener jusqu'à un autre camp. Cette traversée dura trois jours et trois nuits sans pouvoir dormir ni s'allonger.

Les détenus arrivent à Mathausen où les conditions de vie sont encore plus horribles que celles d' Auschwitz. Il n'y avait pas de travail pour les détenus mais beaucoup moins de nourriture et beaucoup plus de folie.


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V La vie après Auschwitz

Après cette expérience plus que terrifiante Daniel tombe dans le coma et est soigné à l'hôpital Bichat, puis dans une maison de convalescence dont la propriétaire s'occupe de lui. Son frère souffre d'une pleurésie et est envoyé en sauna en Suisse.

Il ne se doute pas que sa petite sœur venait tous les jours à l'hôtel Lutetia dans l'espoir de retrouver ses frères et ainsi mener une vie normale avec ceux qui restent de sa famille. Daniel, suffisamment reposé, décida d'aller chercher son frère et sa sœur et il réussit à les trouver en peu de temps. Un grand moment d'émotion donc quand il vit sa petite sœur qu'il n'avait pas vu depuis des années. Quand il vit son frère sain et sauf après cette terrible expérience, son angoisse disparue alors. Ils reprirent alors tous les deux leurs études mais cette anecdote reste gravée en eux. Ils furent tous les trois accueillis par cette famille qui, même si elle s'occupa bien d'eux, ne leur montra pas suffisamment d'affection.

Aujourd'hui Daniel Uberjtel est marié et a sept enfants; son frère lui ne voulut pas d'enfants pour des raisons inconnues et enfin sa petite sœur a déjà 70ans, le temps passe vite.


L'exemple de Ravensbrück

Nous avons choisi d'étudier plus précisément le camp de Ravensbrück car c'était un camp réservé aux femmes et où se trouvaient également des enfants. Beaucoup d'horreurs furent commises sur ses enfants, en particulier les petites filles tsiganes.


Ravensbrück fut le seul grand camp de concentration réservé aux femmes. Ce fut Himmler lui-même qui, à la fin de l'automne 1938, décida d'ériger un camp de concentration pour femmes à Ravensbrück. Il fut ouvert le 18 mai1939 pour 860 Allemandes et 7Autrichiennes opposantes politiques et juives. Ravensbrück, devint en 1945 un camp d’extermination pourvu d’une chambre à gaz et d’ un camp annexe, dit " Uckermark " ou " Jugendlager ", qui servit d’ultime lieu d’assassinat et de sélection pour la chambre à gaz. Dans ce camp, on trouve au moins 132 000 femmes et enfants détenus, et environ 92 000 ont été assassinés.

Il y avait 35 blocks dans ce camp, l’entassement des dortoirs était hallucinant, sur un espace large de 65 centimètres, 3, voire 4 femmes étaient installées sur des échafaudages en 3 étages. La ration de pain était de 100 à 150 gr et la soupe de plus en plus claire devaient impérativement permettre aux déportées d’accomplir 12 heures de travail par jour. Après l’appel, d’une durée de 4 à 6 heures, les colonnes se formaient, pour se rendre sur les lieux de travail. Le système des punitions était identique à celui des hommes : privation de nourriture, station debout pendant des heures (souvent pour des blocks entiers), bastonnade, cachot dans le Bunker (prison). Les fusillades, les pendaisons, les exécutions par balle dans la nuque étaient des plus fréquentes.

Un spécialiste de la stérilisation et des avortements, le Dr Schumann*, a sévi à Ravensbrück ; parmi ses cobayes, une centaine de petites Tsiganes.

I Les enfants dans le camp

Les enfants avaient au camp le même régime que les adultes. Aucun adoucissement ne leur était accordé. A leur arrivée, ils étaient généralement dépouillés, rasés et fouillés comme les adultes, et recevaient, selon les époques, un uniforme rayé ou une défroque peinte d’une croix devant et derrière.

Les enfants étaient présents aux appels. Le matin, ils se levaient aux hurlements de la sirène, à 3 h 30 ou 4 heures selon les périodes. Ils recevaient une tasse du breuvage appelé café et sortaient, dans le froid, qui atteignait moins 33°c, sous la neige, la pluie et le vent glacial de la Baltique. Il fallait rester immobile, debout pendant une heure, deux, et parfois davantage. Les vêtements restaient mouillés pendant plusieurs jours. A la fin de l’appel, ils retournaient à leur Block, les plus grands poussant les plus petits. Certains essayaient alors de retrouver dans des jeux leur monde rêvé d’autrefois. La plupart ne jouaient pas, mais adoptaient les activités des adultes : épouillage, discussions sur la nourriture. Enfin, la majeure partie du temps de beaucoup d’entre eux se passait sur la paillasse. Ils étaient trop affaiblis pour se livrer à la moindre activité. Seule la solidarité qui régnait entre les prisonnières permit d’entourer un peu ces enfants.


II Les nouveaux nés dans le camp

D’après le registre de Ravensbrück, environ 800 enfants seraient nés au camp, une quarantaine seulement survécut à la Libération du camp. Les mères enceintes déportées ne pouvaient prétendre à aucun régime de faveur. Une admission au Revier pour cause de grossesse était synonyme d’avortement provoqué ou d’assassinat du nouveau-né. Souvent, les futures mères étaient gazées. Ce n’est qu’en septembre 1944 qu’une petite chambre est créée dans le block des malades pour les nouveaux-nés, puis une pièce réservée aux mères et enfants dont le nombre grandit du fait de l’évacuation en provenance des autres camps. Les bébés n’avaient pourtant guère de chances de survivre malgré les efforts prodigués par quelques prisonnières promues infirmières : malnutrition, diarrhées, infections diverses ne leur permettaient guère de dépasser quelques semaines de vie.


III Les expériences médicales sur les enfants

Des stérilisations sur les petites filles tsiganes furent effectuées en vue de réaliser des stérilisations en masse et rapides.
120 ou 140 petites Tsiganes furent opérées du 4 au 7 janvier 1945. Les plus jeunes n’avaient pas huit ans. Un spécialiste de ces expériences, le professeur Schumann*, qui avait déjà souvent opéré à Auschwitz, vint sur place. On entendait les pleurs et les cris des enfants et on les  voyait transporter, sanglantes, dans une autre pièce de l’infirmerie, où on les posait sur le plancher.

Un liquide stérilisant était introduit dans l’utérus et jusque dans les trompes d'après les images des radios faites par trois prisonnières radiologues.

Si une partie des enfants supportèrent l’opération, d’autres moururent des suites. Conformément aux habitudes des médecins nazis, et du docteur Schumann en particulier, les  organes génitaux de plusieurs victimes furent prélevés pour examen. C’est ainsi qu’au Block 9 fut hospitalisée une petite fille de douze ans, avec une énorme plaie ouverte au ventre, qui ne cessa de suppurer terriblement.
A la libération du camp, toutes ces malheureuses fillettes avaient disparu, vraisemblablement gazées.


* Dr Schumann Horst:

Il arrive en juillet 1941 à Auschwitz, installe dans le block 30 une machine à rayon X pour stériliser hommes et femmes juifs. Des jeunes filles de 16 à 8 ans en furent également victimes. Beaucoup sont morts de ces blessures terribles ou étaient désormais incapables de travailler. Il fit également des expériences sur le typhus en infectant volontairement des déportés. Il quitte Auschwitz en septembre 1944, a été capturé par les Américains en janvier 1945, libéré au mois d'octobre et reprend ses activités de médecin. Il dut fuir l'Allemagne, séjourna au Soudan comme chef d'un hôpital, dut fuir à nouveau et se rendit au Ghana sous la protection du chef d'État. Extradé vers l'Allemagne en 1966, il fut libéré en 1972 pour raison de santé et est décédé en 1983.

Image extraite de http://www.actionreinhardcamps.org/occupation/auschwitzmen.html