Les adolescents résistants ne furent pas touchés de la même façon que les enfants juifs ou tsiganes dans le système concentrationnaire nazi car ils n'ont pas été victimes de l'extermination. Cependant, ils ont connu l'enfer des camps de concentration et nombreux sont ceux qui sont morts.
Nous avons eu la chance de rencontrer M. Sergent le 14 octobre 2008. Nous vous retraçons ici son parcours et en particulier les conditions dans lesquelles il vécut dans les camps de Sachsenhausen et de Dachau.
Vous pourrez consulter les extraits de la vidéo faite ce jour-là.
L'entrée
en résistance:
M.
Sergent est né à Poissy en 1924 et fait ses études
à Jean Jaurès. Il connaît l'exode en 1940 et se
retrouve chez sa grand mère en Normandie. Influencé par
son père, lui-même était un opposant au nazisme,
il entre dans la résistance en participant à des actes
de sabotage dans les gares de triage, puis des actes de sabordage, en
particulier à Toulon, pendant que les troupes allemandes
envahissent la France.
Accompagné de trois amis à lui, celui-ci tente plusieurs fois de rejoindre les Forces Françaises libres en Espagne, sans succès.
I)
L'arrestation:
M.
Sergent se fait arrêter le 13
mars 1943 à la frontière espagnole avec ses trois amis,
puis se fait emprisonner tout d'abord à Bayonne, où il
subit un interrogatoire musclé, puis à Bordeaux, et
enfin à Compiègne. Il sera un peu plus tard déporté
vers le camp de Sachsenhausen, puis vers le camp de Dachau.
1)
Le voyage
Dans son témoignage, M. Sergent nous
fait part de la déportation très difficile qu'il a subi
vers le camp de Sachsenhausen. Il est resté trois jours dans
un wagon à bestiaux avec peu à boire et à
manger. La soif étant plus difficile à supporter que la
faim, le voyage a été fait dans des conditions très
déplorables.
2) Les conditions de vie et de travail
Arrivé au camp, on l'a mis à nu, on l'a tondu à ras et on lui a donné une tenue rayée sur laquelle il dut coudre son numéro (66692) et une lettre « F », pour Français. Installé dans une baraque de 400 personnes, il dormait dans un chaillis à trois étages sur une paillasse remplie de sciure de bois et avec une simple couverture. Il a du travailler durement au terrassement, au balayage de l'usine et à la construction de voies ferrées ou tunnel.
Les journées au camp se ressemblaient mais étaient de plus en plus dures à supporter: il se levait à cinq heures du matin, on lui servait une soupe noirâtre, une petite biscotte. On ne l'appelait plus par son nom mais par un numéro qu'il devait connaître par cœur en allemand pour l'appel sur la grande place, où les exécutions avaient quelques fois lieu concernant des déportés qui s'étaient révoltés ou avaient volé.
Lors de son enfermement, il n'a pas rencontré d'enfants sauf les quinze derniers jours où il a vu des familles juives hongroises qui ont ensuite rapidement disparues. Il n'a jamais eu accès à la chambre à gaz et ne l'a vue qu'à la libération.
En
juillet
1944, avec 400 hommes de ce camp, il est transféré au
camp de Dachau ou il vit avec la mort tous les jours. C'est grâce
à son esprit de résistant qu'il réussit à
survivre.
Après
d'interminables mois de souffrances morales et physiques, M. Sergent
est enfin libéré le 29
avril 1945 par des troupes américaines.
M.
Sergent ne ressent pas de haine mais n'oublie pas ce qu'il a vécu
et ne peut pas pardonner.